FEMMES D’INTÉRIEUR

2010 – 2015

Galerie Esther Woerdehoff – 36, rue Falgière, 75015 Paris
Farmani Gallery – 111, Front St, Suite 212. Brooklyn, USA
Robert Berman Gallery – Santa Monica. California, USA
Galerie des Arts Graphiques – 4, rue Dante. 75005 Paris

This is a piece of work that focuses on women, on how they are represented in classical art, indeed on the “codes” that surround and determine their representation, from the Renaissance to today. I chose to observe the backgrounds that encase, and to some extent determine, the way women are portrayed, from a Florentine countryside to the overwrought interior of a painter’s studio. These portraits reveal more than they intend, they reveal a great deal about the social position of a woman, from the way she is appareled and coiffed to the attitude she is made to strike.

In this series of pictures on “Femmes d’intérieur”, I want to play with the codes, to re-arrange them, giving a cushion or a chair or a pair of shoes the same attention as the subject. It’s my way of depersonalizing the woman, of turning her into (perhaps what she always was): the object, the woman-object. Upending things in effect poses the question: what is the social status of a woman? The reference to “great classics” of painting is a good way to illustrate how a woman is corseted by her rank and the social position of her husband or her own family.

The idea of painting “in the style of”, copying the classics, is a way of making each photograph unqiue. It’s an additional way of personifying each of these women, of giving them back their difference and their originality.

In this series, as in my work in general, I like to transform reality into a game. By changing the realities that surround us, the artist (or anyone) becomes a kind of visionary of a comic and playful world. To me, that approaches poetry; words become objects, the “furniture” of an interior that reassembles in a new way, creating a new order, a new metaphor.

To speak of just one of these photographs : the portrait of “Georges”, is the one of (Georges) Sand, the writer, who in her own era deconstructed the codes corseting women. I have chosen to repaint the famous portrait of her by Charpentier which shows Sand with an amused smile.
In my vision, she is inviting the viewer to sit down on her, she is the woman-chair. But attention: on the armrest there lurks an aggressive barracuda which reverses the notion of the submissive woman. A kick in the nose to what society once expected of women. And today, is their independence so much more meaningful?

FEMMES OBJETS, OBJETS FEMMES

Elene Usdin est d’abord artiste illustratrice, sortie de l‘école Nationale des Arts Décoratifs de Paris en 1996. Elle a travaillé pour des magazines et journaux Français et Américains, au début des années 2000 elle s’est peu a peu tournée vers la photographie et l’autoportrait. De cette nouvelle démarche nait une réflexion sur l’espace, la représentation,le paraitre et le genre. Elle se déguise pour mieux appréhender son environnement et les codes de la représentation souvent standard et stéréotypés. Du 18 février au 27 mars 2010, elle présente a la Farmani Gallery (a Brooklyn, New York) une nouvelle série photographique et illustrée intitulée Femmes d’Intérieur. Femmes d’Intérieur est composée de vingt images présentant les portraits de femmes appartenant a la grande Histoire Française et Européenne. Des portraits que l’artiste a soigneusement sélectionné dans la peinture Classique et Moderne. Nous y trouvons les femmes peintes par Balthus, Picasso, Vélasquez, Charpentier etc. Des femmes peintes par des hommes, aujourd’hui considérés comme des génies. Alors place aux femmes. Il ne s’agit nullement d’une copie simple de ces portraits, ceux-ci sont déplacés dans le temps et dans l’espace. Elene Usdin a transposé les portraits de ces femmes dans des environnements contemporains, de plus ils sont méticuleusement insérés sur un élément du mobilier de chaque composition. La majorité des portraits sont disposés dans des intérieurs, des espaces domestiques, privés. George Sand y devient une chaise, l’infante de la cour espagnole un canapé. Elene Usdin en fait des femmes-objets, des femmes d’intérieur au sens le plus littéral qui soit. L’idée de ce projet lui est venue d’une envie de peindre sur les tirages de ses photographies, elle a donc reproduit les portraits classiques sur ses clichés, elle dit : “Je fais un montage d’abord et je repeins a l’acrylique les portraits “a la manière de” sur les tirages.” Des portraits, dont les protagonistes féminines perdent leur époque, leur statut social et leur identité en tant que femmes puisqu’elles sont devenues des êtres semi mobilier. Pourtant, elles ne sont aucunement réduites a un roôle simplement décoratif, le message de l’artiste va plus loin et s’inscrit dans un héritage artistique féministe assumé et transcendé dans son travail. Depuis le début de sa carrière, Elene Usdin réfléchit a la représentation des femmes dans nos médias. Elle considère les Femmes d’Intérieur comme un jeu, “un jeu de rôles”, permettant au spectateur de réfléchir a son tour aux problématiques liées a l’image des femmes et a leur condition sociale. “Ne voir dans la femme qu’un objet, qu’un élément d’un intérieur, qu’une ménagère, est hors du temps, d’un autre temps.” Les compositions ont d’abord été effectuées a partir de lieux découverts ou connus de l’artiste, dans ces lieux elle a assemblé des objets, du mobilier, auxquels elle a inséré les portraits. L’objet puis la femme. Pas n’importe quelles femmes, des femmes de culture, des muses, des princesses, des reines ou des épouses. Il est étonnant d’y voir le portrait de George Sand, réalisé en 1835 par Auguste Charpentier (1813-1880), accolé a une chaise et a une tête empaillée de barracuda. Elene Usdin raconte que ce portrait est né d’une trouvaille chez la grand-mère d’un ami : la tête de barracuda. Un poisson agressif a l’image du tempérament de l’auteure du XIXeme siecle, tranchant avec le fin sourire exécuté pour la pose. “L’image de George Sand en femme barracuda, synthétise pour moi l’idée de la série : cette femme est une chaise, on peut s’asseoir sur elle, au sens figuré aussi. C’est une femme-objet dans son intérieur.” D’autres portraits sont associés a un fauteuil ou une chaise et a une paire de chaussure contemporaine. Les chaussures soulignant la féminité des femmes exposées, une féminité hors du temps et en dehors des stéréotypes habituels. Elene Usdin a réalisé un travail de transposition sophistiqué, en accord avec les problématiques féministes actuelles quant a la représentation des femmes. Le slogan Américain des années 1970 Personal is Political, transparait dans Femmes d’Intérieur, l’univers domestique auquel les femmes sont toujours plus ou moins réduites, est ici un espace non seulement de réflexion mais aussi de poésie.

JULIE CRENN. Janvier 2010